Quand le syndicat monte au capital.
Formellement, il est bien
moins réussi que « Tout le monde il est beau, tout le monde il
est gentil », mais l'intensité des messages distillés est
toujours du même tonneau. De la satire sans ambages qui pousse à la
réflexion et à l'ordonnancement des sujets traités, que ce soit le
rapport capitalisme-syndicalisme, le catholicisme (plus que la figure
du christ) et sa ramification modulatoire, le féminisme (isolée
autant qu'opportuniste) et la seule obsession récurrente :
faire des sous.
D'après Benoît Lepape,
le personnage de Jean Yanne, on ne peut combattre le capitalisme que
par lui-même, on ne peut qu'en épouser les règles et le
fonctionnement pour mieux l’abattre. Théorie qu'il mènera à son
terme en offrant l'empire constitué à ses ouvriers après une grève
patronale, obligeant ceux-ci à accepter des responsabilités qu'ils
refusaient, n'aspirant qu'à une vie tranquille et bien rémunérée.
On y apprend qu'un patron
concurrent peut être à l'initiative d'une manifestation, débouchant
naturellement sur l'occupation de votre usine, et qu'un homme-lige
bien placé dans un autre syndicat peut faire céder ces velléités
révolutionnaires par des promesses de contre-partie.
On découvre également
la tartuferie du syndicaliste Blier, dénonçant un capitalisme dont
il est le meilleur allié. A-t-on jamais vu une entreprise sans
patron ?
Jean Yanne a pour
meilleur ami Michel Serrault, un prêtre auquel il offre une
église-usine, inaugurée en grande pompe par le groupe Magma.
Veut-il nous dire que le mysticisme est en plein transmigration et
que ce sont désormais les groupes de rock ésotérique qui
guideraient les brebis vers les cieux célestes.
La sublime Nicole Calfan,
qui deviendra la compagne de Yanne, incarne une pasionaria à la tête
d'un groupe féministe qui a pour slogan et devise : liberté,
égalité, sexualité. Cette intransigeante finira tout de même par
faire couple dans le dénuement hospitalier d'une modeste maison,
démontrant qu'elle aura pu se détacher de l'argent mais pas de ses
instincts primaires.
Pour conclure, deux
éléments notables. D'abord la sous-exploitation de Daniel Prévost
quasiment réduit à un rôle de figurant. On aurait aimé qu'il ait
une ou deux minutes à lui pour avoir la joie de le voir s'embarquer
dans une digression délirante et coutumière. Ensuite la présence
pour la deuxième fois de Paul Préboist dans un petit rôle. Je vois
cette utilisation de Préboist comme un pied de nez au cinéma
sérieux et respectable. Une volonté d'affirmer l’œuvre
populaire, un bras d'honneur à l'intellectualisme et au bon goût.
Une façon de dire que le message est là, bien présent mais que ça
reste une pochade où rien d'analytique ne saurait être pertinent.
Vive les bicyclettes
Luciole !
Samuel d'Halescourt