mardi 14 juillet 2015

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier (2010) Note : 16/20

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier (2010)


Le renouveau du film de cape et d’épée




Adaptation d’une nouvelle de Madame de Lafayette qui voit une jeune noble épouser, malgré elle, un aristocrate de meilleur rang au détriment d’un autre qu’elle aime sincèrement, le tout sur fond de guerre de religions.


Un Bertrand Tavernier encore et toujours au meilleur niveau, trésor national du cinéma, creuse un peu plus son sillon et peaufine sa filmographie.

Il faut rendre hommage aux costumes qui sont magnifiques, illuminent les cadres, les personnages et les scènes, subliment l’image comme un prisme qui éparpille, diffuse ses couleurs. Des costumes d’une Renaissance élégante et distinguée au milieu du conflit brutal entre catholiques et huguenots, à base de pantalon bouffant.

La relation adultérine entre Mélanie Thierry et Gaspard Ulliel est d’une rare et grande intensité, concentrée autour d’un fil ténu de sincérité, un grésillement de pur sentiment, à croire que ces deux là ont vécu une véritable histoire pendant le tournage.

Lambert Wilson, le comte de Chabannes, a le meilleur rôle de ce petit marivaudage, de l’entrecroisement des sentiments. Il se dégage de lui une majesté ainsi qu’une profonde bonté, une sagesse héritée du traumatisme de ses combats huguenots qui le verront enfoncer sa dague dans le ventre d’une femme enceinte pour se défendre. Professeur omniscient de la jeune princesse dont il tombera amoureux avant de trouver une mort inattendue et héroïque au détour d’une pérégrination.

Il y a des plans-séquences de toute beauté, magnifiquement chorégraphiés, à l’image du plan d’ouverture où la caméra entame un ballet avec la végétation, promesse d’un voyage somptueux au cœur de la Renaissance. Les dialogues sont à la hauteur, mélange de français soutenu, enrobé de préciosité, un langage courtois et classique qui fait le pont entre cette époque et notre contemporanéité.

Un seul bémol, les scènes de batailles, quoique très bien orchestrées, où l’action est programmée au millimètre, on sait que l’on est dans un film français par la négligence des coups portés à l’épée ou ceux-ci peuvent passer à dix centimètres de l’ennemi qui s’écroule au sol comme s’il avait été touché. Je pense qu’un producteur américain n’aurait pas laissé passer cela quitte à retourner la scène.

Pour conclure, un film fascinant, passionnant et envoûtant, réalisé par un maître qui connaît le septième art comme sa poche et en respecte la culture, le sens, les codes esthétiques et l’harmonie visuelle.
Comme un grand cru, il prendra de la valeur au fil des années.










Samuel d’Halescourt

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